Carnet de route
Veni Vidi Viso
Le 01/07/2024 par DALIBARD CHRISTEL
Comme chaque année le CAF Auch organise un trek d'une semaine. Cette année nous sommes un groupe de 8 membres qui rejoignons le parc du Queyras pour effectuer le tour du Viso.
Le contexte est particulier : l'hiver tardif à maintenu un enneigement important au niveau de 2500 mètres et plus. Nous serons parmi les premiers à empreinter les traces. Nous renonçons avant le depart à envisager l'ascension du mont Viso lui-même (3800 m) prévu en milieu de semaine.
Le contexte est particulier : l'hiver tardif à maintenu un enneigement important au niveau de 2500 mètres et plus. Nous serons parmi les premiers à empreinter les traces. Nous renonçons avant le depart à envisager l'ascension du mont Viso lui-même (3800 m) prévu en milieu de semaine.
Jour 1 - 1er juillet : L'Echalp - Refuge de Giacoletti. D+ 1600m
Nous partons de la Roche écroulée près du lit du Guil. Impressionnants blocs de pierre ayant chuté vers la fin du 19ème siècle depuis le pic des Lauzes.
Tres vite nous voyons apparaitre le Mont Viso, notamment depuis le Belvédère éponyme. Après une montée bucolique au milieu des fleurs, qui seront notre fil rouge du trek, nous rejoignons les montées enneigées vers le Tunnel de la Traversette, marquant la frontière franco italienne.
Ce tunnel a une histoire singulière : Ludovic II, marquis de Saluce, vers le milieu du 15ème siècle, observe que son marquisat a beaucoup de relations commerciales avec la Provence mais que l'accès est difficile par la route du Montgenèvre ou par le Mont Cenis, dangereux par le Col de la Traversette et coûteux en droits de douanes.
Il négocie avec le roi de France la création de ce tunnel à 2880 mètres d'altitude et 75 mètres de longueur, qui sera inauguré en 1480.
De France furent alors exportés de nombreux produits - du sel de Provence (Etang de Berre), des étoffes, des brocarts et des chevaux. D'Italie étaient importés du riz, de la laine et des peaux.
Arrivée à l'embouchure du tunnel surmonté de 5 mètres de neige, nous imaginons la galère des ouvriers ayant creusé ce tunnel a force d'explosifs et de mois de travail à la barre à mine dans des conditions hostiles.
Bien assurés par un poids mort et à l'aide du piolet nous descendons un par un dans le tunnel traversé par un vent glacial, et descendons les pentes enneigées toujours au piolet.
Nous évitons le sentier del Postino en descendant plus bas pour une remontée finale au refuge de Giacoletti
Jour 2 - 2 juillet : Refuge de Giacoletti - Refuge de Quintino Sella. D+ 1100m
Au réveil, aux premiers rayons du soleil, nous avons la surprise de rencontrer nos premiers bouquetins. En manque de sels minéraux, les moins farouches viennent lecher le salpêtre des murs du refuge.
La descente est parsemée de lacs avec différentes nuances de bleu-vert. Après une montée régulière, certains feront l'ascension du Viso Mozzo à un peu plus de 3000 mètres. Une montée sans difficulté particulière vers le sommet surmonté d'une sculpture moderne.
A l'arrivée au refuge nous sommes saisis par la beauté du Lago grande di Viso, encore gelé, aux teintes bleues, vertes et orangées.
Nous commençons notre album de fleurs. La région comporte 765 sortes de plantes à fleurs, nous en avons largement profité pour les photographier, les identifier et vous faire partager ce feu d'artifice d'espèces de zone glaciaires, ou endémiques ou simplement typiques du parc du Queyras et du Viso.
J3 - boucle depuis refuge de Quintino Sella par refuge d'Alpetto
La météo nous avait été annoncée mauvaise la veille par le gardien du refuge. Temps brumeux humide toute la journée. Après avoir renoncé à notre plan A (ascension du Mont Viso), nous devons aussi abandonner notre plan B : la Punta Dante. Dommage car les crêtes nous semblaient superbes.
Le gardien nous propose un circuit nous menant au refuge d'Alpetto.
Avec une visibilité de quelques dizaines de mètres, nous partons vers le col Gallarino puis le col Chiaffredo. Nous faisons abstraction de la frustration de manque de panorama en profitant d'une atmosphère calme et en reportant notre émerveillement sur les éléments proches.
C'est ainsi que nous longeons une cascade puissante, des zones tourbières traversées par des ruisseaux, faisant penser aux paysages écossais.
Enfin nous avons la chance de rencontrer le Dragon noir du Viso : une Salamandre qui profite de l'humidité pour se promener .
Cette espèce dont le périmètre de vie est grand comme seulement la moitié de la surface de Paris a des caractéristiques hors normes : 20 ans d'espérance de vie, 4 ans de gestation.
Le refuge d'Alpetto nous apparaît soudainement surgi de la brume.
A peine installés dans une salle chaleureuse où les hebergeurs dejeunaient en famille, nous sommes servis d'une carafe d'eau par le gardien.
Cette attention apparemment anodine attire notre attention sur la qualité d'accueil des CAI (Clubs Alpins Italiens) depuis notre début de séjour. Cela va de la proposition de supplément de repas, ou d'alternatives au plat principal, au conseil détaillé d'itinéraires en passant même par l'ouverture de traces. Tout cela avec un naturel désarmant et une bienveillance et un sourire permanents. Nous sommes d'accord pour dire que ces gens, à travers ce "petit truc en plus" sont une source d'inspiration pour les herbergeurs de montagne mais pas seulement.
Après notre repas nous rejoignons le petit musée voisin relatant l'histoire des refuges anciens où l'on dormait sur des tables superposées recouvertes de paille.
Le retour au déluge de Sella nous permet de passer devant la centrale hydroélectrique du refuge et de réaliser sur sa plaque qu'elle fête ses 20 ans jour pour jour. Nous l'apprentissage au gardien en rentrant. Celui-ci nous conte les travaux difficiles sur les 1800 mètres de tranchée, creusée à la main. Et de la fierté le jour J de la mise sous tension alors que ce jour là la région a vécu un black out complet !
J4 - 04 juillet - refuge de Quintino Sella - refuge de Vallanta. D+ 800m
Retour du grand soleil, ce qui nous permet de profiter des paysages que nous ne pouvions voir la veille.
Auparavant nous profitons une dernière fois du lac gelé aux airs de banquise.
Retrouvailles aussi avec les bouquetins, dont les familles se sont agrandi de quelques nouveaux nés au printemps.
En plus des panoramas toujours époustouflants et magnifiés par une visibilité parfaite favorisée par un air sec, nous faisons quelques découvertes insolites : des dizaines de cairnes artistiques, sans doute récents, des lichens colorés sur les roches, et des roches de type pelite voisines de celles gravées dans la vallée des Merveilles que nous avions adorée lors du trek de 2021. La flore est toujours aussi foisonnante (voir à la fin de la série de photos)
La descente nous amène un peu en dessous de 2000 mètres d'altitude dans une forêt de sapins avec toujours la proximité de torrents, ce qui aura été une constante tout au long de notre trek.
Après une pause bucolique près de l'un de ses torrents, nous remontons en pente douce vers le refuge de Vallanta, aux formes géométriques modernes.
Nous apprécions la vue sur les sommets du Mercantour comme l'Argentera et le Gelas avant le repas du soir. Comme quasiment tous les soirs, nous nous regalons du minestrone confectionné par les chefs. Hydratant et revigorant. Et toujours quelques légumes dans le plat principal, ce qui n'est pas simple pour un hébergement d'altitude. La patronne nous propose même genereusement quelques cuillerées de polenta, cela aurait dommage de repartir d'Italie sans goûter au féculent de base de la région !
J5 et dernière journée (05 juillet) : Refuge de Vallanta - l'Echalp D+ 400m
Dernier jour pour effectuer le tour complet du Viso.
Notre dernière montée nous permet de profiter des dernières vues carte postale, avec la vallée qui se charge progressivement de nuages.
Arrivés au col de Vallanta nous sommes heureux de pouvoir enfin chausser au moins une fois les crampons pour descendre les 300 mètres de neige dure à 30 à 45 degres de pente, les talons bien ancrés, un piolet dans une main côté amont, et un bâton dans l'autre.
La descente dans la vallée est une formalité pour le retour vers le Belvédère et la Roche écroulée.
Fin d'une très belle semaine où nous en aurons pris plein les yeux, dans une atmosphère conviviale et joyeuse. Un grand merci à Dominique pour la préparation du circuit et l'encadrement de l'équipe ainsi qu'à Michel son co encadrant. C'est un travail bénévole sans qui nombre d'entre nous n'aurions pas connu ces circuits exceptionnels.
Nous espérons que ces récits vous ont donné envie de nous rejoindre pour le trek 2025. Ces sorties permettent de découvrir des horizons complementaires des Pyrénées et découvrir la vie de groupe où les tâches sont réparties naturellement entre la gestion du parcours, le portage d'éléments supplémentaires (cordes, equipements de sécurité), les comptes et règlements (énorme merci Martine pour ton implication sans faille depuis plusieurs années), les petits conseils techniques, les photos...
Grazie mille ai rifugi del Club Alpino Italiano rifugio.giacoletti Rifugio Quintino Sella al Monviso Rifugio Alpetto Monviso Rifugio Vallanta per la vostra eccezionale accoglienza et aussi à nos hebergeurs du Queyras Gite 7 Degrés EST pour votre superbe accueil et votre adaptation à nos horaires !
Lien vers l'album photos :





